28 mai-3 juin 2012
vendredi 20 juillet 2012
28 mai-3 juin 2012
mercredi 11 avril 2012
Le territoire a été rétrocédé à la Chine en 1997 après 100 ans d'occupation britannique. Hong Kong est rattaché à la Chine mais bénéficie d'un statut administratif spécial (SAR = "Special Administrative Region") qui permet notamment aux voyageurs français de s'y rendre sans visa.
vendredi 6 avril 2012
22-25 mars 2012
Je constate, depuis la fenêtre de ma chambre, que la tour de Renzo Piano baptisée "The Shard" (littéralement "l'écharde", ci-contre) est presque terminée. Mais déjà, de l'autre côté de la Tamise, en plein coeur de la City, un autre chantier gigantesque est en cours : "The Pinnacle". Devant les images de synthèse du projet, qui donnent une idée du futur visage du quartier (ci-dessous, à gauche), le "Gherkin", qui abrite notamment le siège de la compagnie de réassurance Swiss Re, ferait presque pâle figure (ci-dessous, à droite). Au-delà de ce chantier, les nombreuses grues qui se dressent dans le ciel de la City et le bruit assourdissant des marteaux-piqueurs, omniprésents, annoncent de nouvelles prouesses architecturales qui semblent en effet condamner les constructions existantes - aussi futuristes soient-elles - à une obsolescence immédiate.
Au vu du pas pressé des passants, dont plusieurs manquent de peu de me percuter, je me dis que je dois être le seul touriste à arpenter les rues du quartier ce matin-là. Il est un peu plus de 9h et les gens ont manifestement mieux à faire que d'admirer les monuments, aussi prestigieux soient-ils. Nous sommes après tout en plein coeur de la City, qui génère à elle seule 6% du PIB britannique. On comprend mieux dès lors combien il peut paraître incongru de vouloir prendre son temps... ou des photos, du "Gherkin" ou du splendide Leadenhall Market, tout proche.
Les touristes d'ailleurs ne s'y trompent pas puisqu'ils ne semblent guère s'aventurer à l'est de la Cathédrale St Paul's, et lorsqu'ils le font, c'est généralement pour se rendre directement à la Tour de Londres, où sont conservés les joyaux de la couronne, ou à Tower Bridge, autres incontournables des circuits touristiques.
Si 2012 est une année olympique pour la ville, c'est aussi celle du bicentenaire de la naissance de Charles Dickens, probablement le plus grand écrivain anglais avec (derrière ?) Shakespeare. Parmi les nombreux événements organisés à cette occasion figure l'exposition "Dickens and London", proposée par le Museum of London, à deux pas de St Paul's (ci-dessous, en haut). Cette exposition superbement mise en scène permet de voyager, à travers cinq salles thématiques ("A City of Imagination", "Dickens and The Modern Age", etc.), dans l'oeuvre de l'écrivain et dans le Londres victorien, dont Dickens était un grand connaisseur. Parmi les principaux objets exposés figurent notamment le bureau de l'écrivain et plusieurs manuscrits originaux et jeux d'épreuves. On ne peut s'empêcher de ressentir une certaine émotion devant les manuscrits de David Copperfield ou de Great Expectations annotés par le maître lui-même. Plusieurs tableaux ponctuent également l'exposition, dont le splendide "Dickens' Dream" (Robert Buss, 1875), représentant l'écrivain plongé dans ses pensées et entouré des personnages de ses romans (ci-dessous, en bas). L'exposition souligne également le parcours journalistique de Dickens, qui a débuté sa carrière comme reporter itinérant, et son engagement en faveur des plus démunis. Intitulée "In Life & Death", la dernière salle contient un des "readings desks" (pupitres) dont se servait Dickens pour ses lectures publiques. On apprend qu'il se sera "produit" au total 472 fois en Angleterre et en Amérique, le rythme soutenu de ses conférences finissant par user l'écrivain qui mourra à l'âge de 58 ans, en 1870, avant d'avoir pu terminer "The Mystery of Edwin Drood", son dernier roman.
En ressortant de l'exposition, je suis interpellé dans le hall par une dame d'un certain âge qui m'attire vers une table où sont exposés quelques fragments d'objets anciens, retrouvés dans des fouilles archéologiques non loin du musée. Elle me montre ainsi de vieux clous rouillés, dont elle m'explique qu'ils protégeaient les semelles des sandales des soldats romains qui étaient présents à Londres bien avant qu'émerge la ville moderne. Devant l'enthousiasme grandissant de mon interlocutrice, sans doute encouragée par mon air (faussement) attentif, je trouve un prétexte pour m'éclipser et retrouve le soleil à l'extérieur.
Situé à South Kensington, quartier connu notamment pour ses établissements d'enseignement et ses musées, le Victoria & Albert Museum (V&A Museum ) a fière allure avec ses grands murs de brique rouge (photo du hall, ci-dessous à gauche). A l'exposition temporaire consacrée à la Reine Elizabeth vue par le photographe Cecil Beaton, je préfère les galleries de peinture, où se cotoient des tableaux de Turner, Constable et de peintres moins connus, et la Photographs Gallery, qui propose un panorama succinct mais complet de l'histoire de la photographie, des précurseurs - Daguerre, Muybridge - jusqu'au photo-journalisme et à la photo expérimentale. Aux clichés de Robert Frank ou Diane Arbus répondent ceux de Cartier-Bresson (ci-contre) et d'André Kertesz. Les autres salles du musée proposent des contenus très variés : on passe ainsi sans transition de la sculpture antique au design contemporain, des bijoux aux bandes dessinées (passionnante salle sur l'explosion des "comics" en Grande-Bretagne dans les années 1950), de l'argenterie à la peinture... Ce mélange des genres est quelque peu déconcertant mais il fait aussi la richesse d'un musée qui, bien qu'éclipsé par des concurrents plus prestigieux comme le British Museum ou la National Gallery, mérite tout autant une visite, sa gratuité n'étant pas le moindre de ses avantages...
Sur Exhibition Road, l'avenue qui relie le V&A Museum (et ses deux voisins, le Science Museum et le National History Museum) à Hyde Park au nord, règne un calme qui contraste avec l'agitation de Brompton Road, pourtant toute proche. La présence du grand magasin Harrod's est évidemment pour beaucoup dans l'effervescence ambiante, laquelle n'empêche pas les fumeurs de narguilé de s'adonner à leur plaisir favori sur les terrasses des nombreux cafés situés sur le trottoir opposé.
Je passe ma dernière soirée dans le West End, le quartier des théâtres, qui attire chaque année des millions de touristes venus du monde entier. Sur Shaftesbury Avenue et alentour, la foule se presse pour assister aux représentations des Misérables, de Thriller (ci-dessous, en haut), de Singin' in the Rain (ci-dessous, en bas) ou de The King's Speech, cette dernière pièce ayant été créée avant le film du même nom.
Phantom of the Opera, que l'on pouvait déjà voir dans les années 1980, continue de se jouer à guichets fermés au Majesty's Theatre mais on pourra lui préférer War Horse, déclinaison théâtrale du film de Spielberg. Ce dernier spectacle a déjà rapporté 10 millions de livres depuis sa création en 2009 et symbolise la bonne santé d'une industrie qui semble défier la crise. Selon le magazine Time Out London, les recettes des théâtres londoniens auraient atteint près d'un demi-milliard de livres en 2011 et ce succès n'est pas prêt de s'essouffler avec l'arrivée cet été, en marge des Jeux Olympiques, du World Shakespeare Festival ou de spectacles plus expérimentaux comme Gatz, pièce de huit heures (!) importée de Broadway et basée sur The Great Gatsby, l'oeuvre phare de Francis Scott Fitzgerald. Malgré des prix élevés, dénoncés récemment par Kevin Spacey, directeur du célèbre Old Vic, la manne du théâtre londonien n'est pas prête de se tarir...
2012, année olympique, année Dickens mais aussi année du centenaire du naufrage du Titanic. Alors qu'ITV vient de diffuser le premier épisode d'une mini-série consacrée à la tragédie maritime la plus célèbre au monde, une publicité annonce, dans le métro et dans les journaux, l'ouverture imminente d'un musée sur le navire à Belfast, la ville qui l'a vu naître (ci-dessous, en haut). The Independent on Sunday s'attarde également sur l'autre événement télévisuel du moment - le démarrage de la saison 5 de la série Mad Men sur une chaîne du câble - et propose à cette occasion un quiz spécial à ses lecteurs (ci-dessous, en bas). En cette année de commémoration, le journal donne également la parole, 30 ans après, à des témoins directs ou indirects de la Guerre des Falklands (ou Guerre des Malouines), qui aura marqué le début de l'ère Thatcher. Le témoignage de Margaret Allen, aujourd'hui âgée de 54 ans, est évidemment émouvant mais aussi involontairement drôle. Elle perdra son mari, marin dans la Navy britannique, seulement 15 jours après leur mariage mais aura eu le temps de lui adresser cet avertissement juste avant son départ : "If you die, I will kill you".
vendredi 20 janvier 2012
On remarquera au passage que la couverture de l'édition française ressemble furieusement à la photo de mon blog !
Titre de l'ouvrage original : The Art of Travel.
jeudi 19 janvier 2012
Présentation sur le site de l'auteur :
In the summer of 2009, however, Alain de Botton was given unprecedented, unrestricted access to wander around Heathrow, one of the world’s biggest airports, having been appointed its Writer-in-Residence. He spoke with everyone from airline staff and senior executives to travellers passing through, and based on these conversations he produced this extraordinary account of life at an airport and what it says about modern existence.
Working with the renowned documentary photographer Richard Baker, he explores the magical and the mundane, and the stories that inhabit this strange ‘non-place’ that we are usually eager to leave. Taking the reader through the departures lounge, ‘airside’ and the arrivals hall, de Botton shows with his usual combination of wit and wisdom that spending time in an airport can be more useful and more revealing than we might think."
vendredi 13 janvier 2012
Présentation par l'éditeur :
jeudi 12 janvier 2012
25-30 octobre 2011
Après un détour par le quartier piétonnier de Downtown Crossing et le Chinatown local, j'arrive à Dewey Square, petite place occupée par les militants d'Occupy Boston, déclinaison locale du mouvement Occupy Wall Street, qui dénonce le poids excessif de la finance dans l'économie américaine et la soif de profits des grandes entreprises. Dans le campement, qui compte quelques dizaines de tentes, on trouve un point d'information sur le mouvement, une infirmerie, un point restauration et même une petite bibliothèque. Les nombreux écriteaux plantés autour des tentes comportent des revendications en tous genres, dont certaines prêtent à sourire alors que d'autres semblent plus sérieuses. Au milieu du campement, on peut se faire raser ou couper les cheveux gratuitement sous le regard bienveillant du Mahatma Gandhi (ci-dessus) tandis qu'un peu plus loin, un poster de Jimi Hendrix, idole d'un autre genre, fournit une autre source d'inspiration. A un coin du campement, je remarque un présentoir couvert de petits drapeaux américains et d'objets fabriqués en hommage à des soldats morts pendant la guerre en Irak ou en Afghanistan (ci-dessous). Joe, vétéran de l'opération Desert Storm, m'explique qu'il est content du retrait des troupes d'Afghanistan - "nous n'avions rien à faire là-bas" - mais s'inquiète de la situation économique, lui qui ne vit que des allocations chômage. Selon lui, un tiers de la population américaine soutient le mouvement Occupy Wall Street, un tiers y est opposé et le tiers restant est sans opinion. Il explique la bienveillance de la police locale par la faible ampleur du mouvement à Boston - le campement compte entre 200 et 250 occupants permanents, dont une famille de six personnes habituée, précise Joe, à vivre dans la rue. Avant de repartir, je rencontre un ami de Joe qui tient la tente des vétérans et est en train de confectionner un nouvel objet en souvenir de soldats tués au combat. J'apprends qu'il est le père d'Alex Arredondo, jeune Marine tué en Irak, dont j'ai aperçu le nom sur plusieurs objets. A son invitation, je griffonne un court message de soutien dans le livre d'or dédié à son fils, à la fois gêné et admiratif devant le courage de cet homme, qui trouve malgré tout le moyen de sourire et de me lancer un "God Bless" en guise d'au revoir.
Juste à côté du campus de la Northeastern University se dresse le Museum of Fine Arts. Agrandi fin 2010, ce musée vaut vraiment le détour, pour son architecture d'abord - l'immense atrium de verre, avec en son centre un café chic et design, est particulièrement impressionnant - mais aussi bien sûr pour la richesse de ses collections. Si les peintres européens sont à l'honneur - le musée possède notamment l'une des plus importantes collections de Monet au monde - les maîtres américains du 19ème siècle ne sont pas en reste. Ainsi, les toiles de Martin Heade ou Thomas Eakins côtoient celles de Winslow Homer, l'un des principaux représentants de l'Impressionnisme américain, et de John Singleton Copley, premier grand maître américain de la peinture à l'huile. Ravi de retrouver Long Branch, New Jersey, tableau de Homer dont une reproduction trône dans mon salon (1869 ; ci-dessous, en haut), j'admire également les toiles de Mary Cassatt, seul peintre impressioniste américain à avoir décidé de vivre en France, et le Woman in Fur Hat de Gretschen Rogers (1915 ; ci-dessous, au milieu), qui s'inspire ouvertement de la Jeune fille à la perle de Vermeer. La salle dédiée à John Singer Sargent contient également de nombreux trésors, dont le magnifique The Daughters of Edward Darley Boit (1882 ; ci-dessous, en bas). Je reste un long moment devant cette toile, à la fois émerveillé par les regards si expressifs des personnages (notamment de la petite fille assise au premier plan) et intrigué par le mystère qui se dégage de la toile. L'arrière-plan, laissé dans l'obscurité, suscite en effet une certaine perplexité qui se mêle à la gêne que fait naître le regard insistant des personnages, pointé droit sur le spectateur. Cette impression d'étrangeté est renforcée par le fait que le personnage adossé contre le grand vase en porcelaine ne nous regarde pas. Sait-elle quelque chose que les autres filles ne savent pas, a t-elle quelque chose à cacher ? Le mystère reste à creuser...
Je jette un dernier coup d'oeil à deux tableaux de Hopper et à la salle dédiée à la photographie avant de prendre le chemin de la sortie. J'ai peut-être visité à peine un tiers du musée mais la fatigue me gagne ; les nus de Degas, qui font l'objet d'une exposition temporaire, peuvent aller se rhabiller...
L'intégralité de la journée du lendemain est consacrée à une visite guidée de Boston et des villes historiques de Lexington et Concord. Le temps est froid et pluvieux mais je suis quand même sensible aux charmes des maisons en bois de Lexington, dont la plupart sont décorées de citrouilles, à quelques jours d'Halloween... La ville de Lexington est connue pour avoir été le théâtre, le 19 avril 1775, de la première bataille de la Guerre d'indépendance. Dans le "Visitor Center", je photographie le diorama qui commémore l'événement avant d'apprendre, en lisant la plaque explicative qui l'accompagne, que les photos sont interdites... (ci-contre). Heureusement, le figurant qui se tient juste à côté, en costume d'époque, ne m'en tient pas rigueur. La ville de Concord, située à quelques kilomètres de Lexington, est un autre haut lieu de la Guerre d'indépendance mais on peut aussi y voir les maisons de grands noms de la littérature américaine, dont celle dans laquelle a vécu pendant plus de 40 ans Ralph Waldo Emerson. Avant de revenir dans le centre-ville de Boston, nous faisons une halte au USS Constitution, frégate construite en 1797 qui fait aujourd'hui partie de la US Navy (ci-contre). Prise dans les cordages du navire, la "skyline" de Boston qui se dresse en arrière-plan revendique fièrement sa modernité et semble braver "Old Ironsides", surnom donné au USS Constitution en raison de la solidité de sa coque. Pour la petite histoire, le navire se trouve dans un chantier naval qui fait lui-même partie du quartier de Charlestown. C'est dans ce quartier, qui a longtemps eu mauvaise réputation, que Ben affleck a tourné son film The Town.
Après un détour par Fenway Park, l'antre mythique des Red Sox, l'équipe de base-ball locale, nous revenons vers le centre-ville en longeant Boylston Street puis Beacon Street, le long du parc de Boston Common. A Beacon Hill, nous apercevons la Massachusetts State House, dont la porte d'entrée, selon notre guide, ne s'ouvre que lors du départ du gouverneur. A propos de gouverneur, je demande à ma voisine, une dame venue du Texas, quelles sont les chances de Rick Perry pour les primaires républicaines de 2012. Elle trouve que le gouverneur du Texas n'est pas assez "malin" et mise plutôt sur Mitt Romney ou Herman Cain, nouveau venu dans la campagne. Mais d'ici août 2012, me dit-elle, les choses peuvent encore changer...
Le lendemain après-midi, par un temps toujours froid mais ensoleillé, je remonte Boylston Street jusqu'au Boston Common. De l'autre côté du parc, je contourne la State House pour m'engouffrer dans Beacon Hill (ci-dessous), le quartier le plus huppé de la ville où un certain John Kerry possède une maison. Avec ses rues étroites bordées de townhouses en briques, le quartier ne manque pas de charme et fait oublier un temps le tumulte de la ville. Dans Philips Street, je m'arrête devant Vilna Shul, synagogue construite en 1900 (ci-dessous). Je pousse la porte et suis accueilli par un homme en kippa qui me propose de rejoindre la visite guidée en cours à l'étage. Je monte et me joins à la seule autre touriste présente. Notre guide nous raconte l'histoire de la synagogue et nous explique que les trois puits de lumière sont particulièrement utiles lors de la prière, les Juifs n'ayant pas le droit d'utiliser l'électricité le jour du Shabbat (quand il est vraiment indispensable d'allumer les lumières, un "goy" - non-juif - s'en charge). Après un cours accéléré sur le yiddish, le kaddish (la prière des morts) et Sukhot (la fête des moissons), je ressors et prends la direction du quartier de North End, via le Government Center, où se trouve notamment l'Hôtel de ville.
North End, le "Little Italy" de Boston (ci-dessous), compte un nombre incalculable de restaurants qui attirent des hordes de touristes. On y trouve aussi la maison de Paul Revere, l'un des meneurs de la révolution de 1775, à propos duquel circulent plusieurs blagues comme celle-ci : "Ayant eu 2 femmes et 16 enfants, on comprendra qu'il n'était jamais chez lui !". En revenant vers le centre, je passe à hauteur du Leonard Zakim Bridge, qui s'élance vers Charlestown. Le TD Garden, juste à gauche sur la photo (ci-dessous), accueille les matches à domicile des Boston Celtics (basket) et des Boston Bruins (hockey sur glace). Sous le TD Garden se trouve la North Station, gare qui comme son nom l'indique dessert la grande banlieue nord et des villes plus lointaines comme Portland dans le Maine. Dans le métro qui me ramène vers Back Bay, le quartier de mon hôtel, je ris tout seul en repensant à une blague lancée au public par des "street performers" aperçus un peu plus tôt : "Obama wants change, we want dollars".
Avant de rentrer, je passe au Starbuck's le plus proche pour prendre un déca. J'ai toujours une petite appréhension en allant au Starbuck's dans ce pays. Vous allez me dire qu'il n'y a rien d'extraordinaire à passer prendre un café ? Eh bien essayez d'entrer dans un Starbuck's aux Etats-Unis et de commander simplement "a coffee please". Vous allez tout de suite comprendre, en voyant la tête de votre interlocuteur, que quelque chose cloche. Non, pour passer inaperçu, il faut connaître le langage Starbuck's et commander par exemple "a tall Decaf with room for cream" ou, plus impressionnant, "an iced Venti quad nonfat with hazelnut caramel macchiato with whip". Comment s'étonner après ça du succès des sites qui se proposent de déchiffrer ce jargon impénétrable ?
Pour le dernier après-midi, je traverse la Charles River pour me rendre à Cambridge, où la prestigieuse Université de Harvard attire chaque jour des touristes venus du monde entier. Compte tenu du temps exécrable, je renonce à me balader sur le campus - déjà visité au pas de course sous la pluie trois jours plus tôt - et m'engouffre dans la librairie The Coop. Le grand présentoir à l'entrée met en valeur les derniers ouvrages des profs de l'université mais l'oeil est surtout attiré par l'omniprésente biographie de Steve Jobs, sortie le 21 octobre. Vu l'épaisseur du volume - dans les librairies américaines, les livres épais sont souvent regroupés dans un rayon appelé "Doorstoppers" - il ne fait aucun doute que la version pour Kindle ou pour Nook, le dernier venu sur la planète des e-books, est promise à un grand succès.
Au sud de l'Université de Harvard, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) déploie son vaste campus à l'est de Main Street. Les frais de scolarité y sont tout aussi élevés (environ 50 000 dollars par an dans les deux cas) mais la qualité de l'enseignement dispensé au MIT est reconnue dans le monde entier et la liste des anciens élèves est impressionnante (citons notamment Paul Krugman, Prix Nobel d'économie, ou Robert Noyce, cofondateur d'Intel). L'impitoyable sélection à l'entrée - près de 90% des dossiers de candidature sont rejetés - achève de me convaincre que le MIT n'est pas fait pour moi... Parmi les dizaines de bâtiments qui composent le campus, le Building 32 attire tout particulièrement l'attention (ci-contre). Conçu par l'architecte Frank Gehry, à qui l'on doit également la Cinémathèque à Paris, ce bâtiment, inauguré en 2004, est censé symboliser la créativité qui doit nécessairement inspirer tout esprit scientifique. D'où sa forme déstructurée et ses fenêtres de guingois. L'histoire ne dit pas si le Building 32 constitue vraiment une source d'inspiration pour les étudiants mais il fait en tout cas les affaires des avocats, le MIT ayant intenté en 2007 une action en justice contre le cabinet de F. Gehry pour malfaçons...
En attendant le vol du retour, je pense aux passagers des vols 11 d'American Airlines et 175 de United Airlines qui sont eux aussi partis du Boston Logan International Airport, un beau matin de septembre 2001, sans se douter un instant de ce qui les attendait. Ceci expliquant sans doute cela, les contrôles de sécurité, d'ordinaire si pénibles et interminables, ne m'ont jamais paru aussi agréables.