mercredi 11 avril 2012

Hong Kong

Prochain voyage : Hong Kong, mégapole de 7 millions d'habitants qui compte deux fois plus de gratte-ciel que New York.

Le territoire a été rétrocédé à la Chine en 1997 après 100 ans d'occupation britannique. Hong Kong est rattaché à la Chine mais bénéficie d'un statut administratif spécial (SAR = "Special Administrative Region") qui permet notamment aux voyageurs français de s'y rendre sans visa.



vendredi 6 avril 2012

L'appel de Londres
22-25 mars 2012

Moins d'un an après mon précédent séjour, me revoilà à Londres, ville trois fois olympique (avant 2012, elle a déjà accueilli les Jeux par deux fois, en 1905 et 1948).

Je constate, depuis la fenêtre de ma chambre, que la tour de Renzo Piano baptisée "The Shard" (littéralement "l'écharde", ci-contre) est presque terminée. Mais déjà, de l'autre côté de la Tamise, en plein coeur de la City, un autre chantier gigantesque est en cours : "The Pinnacle". Devant les images de synthèse du projet, qui donnent une idée du futur visage du quartier (ci-dessous, à gauche), le "Gherkin", qui abrite notamment le siège de la compagnie de réassurance Swiss Re, ferait presque pâle figure (ci-dessous, à droite). Au-delà de ce chantier, les nombreuses grues qui se dressent dans le ciel de la City et le bruit assourdissant des marteaux-piqueurs, omniprésents, annoncent de nouvelles prouesses architecturales qui semblent en effet condamner les constructions existantes - aussi futuristes soient-elles - à une obsolescence immédiate.

Au vu du pas pressé des passants, dont plusieurs manquent de peu de me percuter, je me dis que je dois être le seul touriste à arpenter les rues du quartier ce matin-là. Il est un peu plus de 9h et les gens ont manifestement mieux à faire que d'admirer les monuments, aussi prestigieux soient-ils. Nous sommes après tout en plein coeur de la City, qui génère à elle seule 6% du PIB britannique. On comprend mieux dès lors combien il peut paraître incongru de vouloir prendre son temps... ou des photos, du "Gherkin" ou du splendide Leadenhall Market, tout proche.

Les touristes d'ailleurs ne s'y trompent pas puisqu'ils ne semblent guère s'aventurer à l'est de la Cathédrale St Paul's, et lorsqu'ils le font, c'est généralement pour se rendre directement à la Tour de Londres, où sont conservés les joyaux de la couronne, ou à Tower Bridge, autres incontournables des circuits touristiques.


Si 2012 est une année olympique pour la ville, c'est aussi celle du bicentenaire de la naissance de Charles Dickens, probablement le plus grand écrivain anglais avec (derrière ?) Shakespeare. Parmi les nombreux événements organisés à cette occasion figure l'exposition "Dickens and London", proposée par le Museum of London, à deux pas de St Paul's (ci-dessous, en haut). Cette exposition superbement mise en scène permet de voyager, à travers cinq salles thématiques ("A City of Imagination", "Dickens and The Modern Age", etc.), dans l'oeuvre de l'écrivain et dans le Londres victorien, dont Dickens était un grand connaisseur. Parmi les principaux objets exposés figurent notamment le bureau de l'écrivain et plusieurs manuscrits originaux et jeux d'épreuves. On ne peut s'empêcher de ressentir une certaine émotion devant les manuscrits de David Copperfield ou de Great Expectations annotés par le maître lui-même. Plusieurs tableaux ponctuent également l'exposition, dont le splendide "Dickens' Dream" (Robert Buss, 1875), représentant l'écrivain plongé dans ses pensées et entouré des personnages de ses romans (ci-dessous, en bas). L'exposition souligne également le parcours journalistique de Dickens, qui a débuté sa carrière comme reporter itinérant, et son engagement en faveur des plus démunis. Intitulée "In Life & Death", la dernière salle contient un des "readings desks" (pupitres) dont se servait Dickens pour ses lectures publiques. On apprend qu'il se sera "produit" au total 472 fois en Angleterre et en Amérique, le rythme soutenu de ses conférences finissant par user l'écrivain qui mourra à l'âge de 58 ans, en 1870, avant d'avoir pu terminer "The Mystery of Edwin Drood", son dernier roman.


En ressortant de l'exposition, je suis interpellé dans le hall par une dame d'un certain âge qui m'attire vers une table où sont exposés quelques fragments d'objets anciens, retrouvés dans des fouilles archéologiques non loin du musée. Elle me montre ainsi de vieux clous rouillés, dont elle m'explique qu'ils protégeaient les semelles des sandales des soldats romains qui étaient présents à Londres bien avant qu'émerge la ville moderne. Devant l'enthousiasme grandissant de mon interlocutrice, sans doute encouragée par mon air (faussement) attentif, je trouve un prétexte pour m'éclipser et retrouve le soleil à l'extérieur.

Situé à South Kensington, quartier connu notamment pour ses établissements d'enseignement et ses musées, le Victoria & Albert Museum (V&A Museum ) a fière allure avec ses grands murs de brique rouge (photo du hall, ci-dessous à gauche). A l'exposition temporaire consacrée à la Reine Elizabeth vue par le photographe Cecil Beaton, je préfère les galleries de peinture, où se cotoient des tableaux de Turner, Constable et de peintres moins connus, et la Photographs Gallery, qui propose un panorama succinct mais complet de l'histoire de la photographie, des précurseurs - Daguerre, Muybridge - jusqu'au photo-journalisme et à la photo expérimentale. Aux clichés de Robert Frank ou Diane Arbus répondent ceux de Cartier-Bresson (ci-contre) et d'André Kertesz. Les autres salles du musée proposent des contenus très variés : on passe ainsi sans transition de la sculpture antique au design contemporain, des bijoux aux bandes dessinées (passionnante salle sur l'explosion des "comics" en Grande-Bretagne dans les années 1950), de l'argenterie à la peinture... Ce mélange des genres est quelque peu déconcertant mais il fait aussi la richesse d'un musée qui, bien qu'éclipsé par des concurrents plus prestigieux comme le British Museum ou la National Gallery, mérite tout autant une visite, sa gratuité n'étant pas le moindre de ses avantages...

Sur Exhibition Road, l'avenue qui relie le V&A Museum (et ses deux voisins, le Science Museum et le National History Museum) à Hyde Park au nord, règne un calme qui contraste avec l'agitation de Brompton Road, pourtant toute proche. La présence du grand magasin Harrod's est évidemment pour beaucoup dans l'effervescence ambiante, laquelle n'empêche pas les fumeurs de narguilé de s'adonner à leur plaisir favori sur les terrasses des nombreux cafés situés sur le trottoir opposé.

Je passe ma dernière soirée dans le West End, le quartier des théâtres, qui attire chaque année des millions de touristes venus du monde entier. Sur Shaftesbury Avenue et alentour, la foule se presse pour assister aux représentations des Misérables, de Thriller (ci-dessous, en haut), de Singin' in the Rain (ci-dessous, en bas) ou de The King's Speech, cette dernière pièce ayant été créée avant le film du même nom.


Phantom of the Opera, que l'on pouvait déjà voir dans les années 1980, continue de se jouer à guichets fermés au Majesty's Theatre mais on pourra lui préférer War Horse, déclinaison théâtrale du film de Spielberg. Ce dernier spectacle a déjà rapporté 10 millions de livres depuis sa création en 2009 et symbolise la bonne santé d'une industrie qui semble défier la crise. Selon le magazine Time Out London, les recettes des théâtres londoniens auraient atteint près d'un demi-milliard de livres en 2011 et ce succès n'est pas prêt de s'essouffler avec l'arrivée cet été, en marge des Jeux Olympiques, du World Shakespeare Festival ou de spectacles plus expérimentaux comme Gatz, pièce de huit heures (!) importée de Broadway et basée sur The Great Gatsby, l'oeuvre phare de Francis Scott Fitzgerald. Malgré des prix élevés, dénoncés récemment par Kevin Spacey, directeur du célèbre Old Vic, la manne du théâtre londonien n'est pas prête de se tarir...

2012, année olympique, année Dickens mais aussi année du centenaire du naufrage du Titanic. Alors qu'ITV vient de diffuser le premier épisode d'une mini-série consacrée à la tragédie maritime la plus célèbre au monde, une publicité annonce, dans le métro et dans les journaux, l'ouverture imminente d'un musée sur le navire à Belfast, la ville qui l'a vu naître (ci-dessous, en haut). The Independent on Sunday s'attarde également sur l'autre événement télévisuel du moment - le démarrage de la saison 5 de la série Mad Men sur une chaîne du câble - et propose à cette occasion un quiz spécial à ses lecteurs (ci-dessous, en bas). En cette année de commémoration, le journal donne également la parole, 30 ans après, à des témoins directs ou indirects de la Guerre des Falklands (ou Guerre des Malouines), qui aura marqué le début de l'ère Thatcher. Le témoignage de Margaret Allen, aujourd'hui âgée de 54 ans, est évidemment émouvant mais aussi involontairement drôle. Elle perdra son mari, marin dans la Navy britannique, seulement 15 jours après leur mariage mais aura eu le temps de lui adresser cet avertissement juste avant son départ : "If you die, I will kill you".